Un étudiant en informatique a réussi à décoder un mot sur des papyrus carbonisés datant de l’éruption du Vésuve à Herculanum. Cela suscite l’espoir d’une meilleure compréhension du monde antique.
En 79 après Jésus-Christ, une éruption volcanique violente du Vésuve a englouti les villes de Pompéi et Herculanum, causant la mort de plus de 15 000 personnes selon National Geographic. Il a fallu 1 500 ans pour que les premiers vestiges soient redécouverts. Lors de la construction d’un canal souterrain à Torre Annunziata, dans la région de Campanie, au XVIe siècle, des fragments des deux villes ont été mis au jour.
En 1763, comme le rapporte Géo, une inscription a permis d’identifier de manière définitive les deux cités. On a également trouvé 1 800 parchemins, mais ces derniers étaient carbonisés et illisibles : lorsqu’on les dépliait, ils se désagrégeaient en morceaux. Depuis lors, aucun manuscrit n’avait été déchiffré depuis le XXe siècle.
Un premier pas vers la compréhension
La persévérance des chercheurs a fini par porter ses fruits. Le New York Times rapporte la découverte de l’Université du Kentucky. Les chercheurs ont réussi à décrypter un mot sur l’un de ces papyrus. Ils ont identifié le terme “πορφύρα” (prononcé “porphyras” en grec ancien), qui peut être traduit par “pourpre”.
Cette première percée ouvre la voie à l’éventualité de déchiffrer ces anciens documents. Ce serait une opportunité précieuse pour mieux comprendre la vie de ces deux villes avant leur tragique ensevelissement. Il est à noter que ces cités ont été d’abord d’origine grecque avant d’être conquises par les Samnites, puis annexées par l’Empire romain au début du IIIe siècle avant Jésus-Christ.
Les espoirs suscités par l’IA
La possibilité d’en apprendre davantage sur la population de Pompéi et Herculanum, ainsi que sur leur culture, pourrait s’intensifier grâce à l’intelligence artificielle. En 2019, des recherches ont révélé la présence de traces de plomb laissées par l’encre, qui mettaient en lumière les contours de lettres effacées sur les parchemins. Cette découverte a ouvert la porte à l’utilisation de l’IA pour tenter de déchiffrer des fragments de texte. C’est un étudiant en informatique de 21 ans, Luke Farritor, qui a été le premier à réussir cette prouesse, obtenant ainsi une récompense de 40 000 dollars.
Cependant, le défi demeure entier : traduire le reste du texte. Les écrits latins de l’Antiquité sont extrêmement rares, car la plupart des textes de cette époque sont en réalité des copies réalisées au Moyen Âge, pouvant avoir été modifiées. De nombreux écrits sont donc tombés dans l’oubli. Robert Fowler, professeur émérite de grec et spécialiste des papyrus à l’université de Bristol (Angleterre), affirme que la récupération d’une telle bibliothèque pourrait révolutionner notre compréhension du monde antique de manière que nous pouvons à peine imaginer. L’impact pourrait être aussi considérable que la redécouverte des manuscrits à l’époque de la Renaissance. Il est à noter qu’il existe des donateurs privés prêts à débourser 700 000 dollars pour quiconque parviendra à déchiffrer quatre passages de 140 caractères.