Internet, ce vaste univers connecté offrant d’innombrables opportunités, peut également comporter des risques, surtout pour les plus jeunes. La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) met en garde contre une habitude courante mais périlleuse : le partage de photos d’enfants sur les réseaux sociaux. Ce phénomène, appelé “sharenting” (fusion de “share” et “parenting”), consiste à publier des images ou des vidéos de mineurs, particulièrement de ses propres enfants, sur diverses plateformes en ligne. Bien que cela puisse sembler inoffensif, la CNIL souligne plusieurs dangers associés à cette pratique. Faisons le point ensemble.
Sommaire
Le partage d’images d’enfants sur les réseaux sociaux peut entraîner des conséquences parfois graves, mais souvent sous-estimées.
En 2023, environ 53 % des parents français ont déjà diffusé du contenu concernant leurs enfants sur ces plateformes, une action fortement déconseillée par la CNIL, surtout si le profil est public.
Voici les principaux risques associés à cette pratique de sharenting :
- Détournement malveillant : Si les images sont publiées sur des profils publics accessibles à tous, elles peuvent être utilisées par des individus malintentionnés pour créer de faux profils, les partager sans consentement, voire, dans les cas les plus graves, les utiliser dans des réseaux de pornographie infantile. Même avec un compte privé, le risque subsiste tant que la liste d’abonnés n’est pas entièrement nettoyée, et surtout tant que le compte n’est pas sécurisé contre le piratage (par exemple, en activant la double authentification).
- Divulgation d’informations sensibles : Une simple photo peut révéler beaucoup d’informations sur un enfant, telles que sa localisation, ses activités ou ses centres d’intérêt, pouvant ainsi tomber entre de mauvaises mains.
- Impact sur l’identité numérique : L’accumulation de contenus numériques dès le plus jeune âge façonne une identité numérique qui peut influencer la vie future de l’enfant, impactant sa réputation en ligne et ses perspectives d’avenir.
Conseils de la CNIL pour un partage sécurisé de photos d’enfants
Face à ces risques, la CNIL propose plusieurs recommandations pour protéger les enfants du sharenting :
- Privilégier les canaux privés : Utiliser des messageries instantanées cryptées de bout en bout, des emails sécurisés ou des MMS plutôt que les réseaux sociaux pour partager des photos d’enfants.
- Obtenir le consentement : S’assurer d’obtenir l’accord de l’enfant, s’il est en âge, et celui de l’autre parent avant toute publication.
- Sélectionner les contenus à publier : Éviter de partager des images compromettantes pour l’intimité de l’enfant et envisager de masquer les visages, par exemple avec des stickers.
- Sécuriser les comptes : Ajuster les paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux, activer la double authentification et un mot de passe supplémentaire lorsque possible.
- Gérer les abonnés et les publications : Faire régulièrement le tri dans la liste des abonnés et revoir les photos publiées pour supprimer celles devenues obsolètes.
Comment réagir en cas d’utilisation malveillante des photos de vos enfants ?
Si les images de vos enfants sont utilisées sans votre consentement, la CNIL rappelle que vous pouvez exercer, au nom de votre enfant, le droit à l’effacement. Les enfants peuvent également faire valoir ce droit directement.
En cas de non-réponse ou de refus du réseau social, vous pouvez contacter la police, le service 3018 en cas de cyberharcèlement, ou déposer une plainte en ligne auprès de la CNIL.
10 autres moyens efficaces de protéger ses enfants des dangers d’internet
La protection des enfants contre les dangers d’Internet est une priorité pour tous les parents. En plus des recommandations précédentes, voici dix autres stratégies complémentaires pour assurer une utilisation plus sûre et responsable d’Internet par les enfants :
- Établir des règles de base : Définir des règles claires sur le temps passé en ligne, les sites autorisés et les comportements acceptables.
- Utiliser des contrôles parentaux : Installer des applications de contrôle parental pour bloquer l’accès à des sites inappropriés, filtrer les contenus et surveiller l’activité en ligne des enfants.
- Éducation aux médias et à l’information : Apprendre aux enfants à identifier et à éviter les fausses informations, les escroqueries et les contenus préjudiciables.
- Dialogue ouvert et continu : Encourager un dialogue ouvert et régulier avec les enfants au sujet de leur expérience en ligne.
- Sensibilisation à la sécurité des données personnelles : Enseigner aux enfants l’importance de protéger leurs informations personnelles, comme leur nom, adresse, numéro de téléphone et photos.
- Promouvoir un usage positif d’internet : Encourager les enfants à utiliser Internet de manière constructive, pour l’apprentissage, la créativité et la communication positive.
- Surveillance adaptée à l’âge : Adapter le niveau de surveillance en fonction de l’âge et de la maturité de l’enfant.
- Créer un espace informatique commun : Placer les ordinateurs dans des espaces communs de la maison pour faciliter la supervision.
- Sensibilisation aux risques des réseaux sociaux : Discuter des avantages et des risques des réseaux sociaux, et apprendre aux enfants à les utiliser de manière responsable.
- Encourager les activités hors ligne : Équilibrer le temps en ligne avec des activités hors ligne, comme le jeu, le sport, la lecture et les interactions sociales en face à face.
En appliquant certaines de ces méthodes, voire toutes, vous pouvez aider vos enfants à naviguer sur Internet de manière plus sûre et responsable, limitant ainsi l’impact négatif que ce formidable outil peut malheureusement avoir sur les plus jeunes.
Bien que le partage de photos d’enfants puisse sembler inoffensif pour rester en contact avec vos proches, les risques potentiels sont bien présents et significatifs. En suivant les conseils de la CNIL et en prenant conscience des dangers, vous contribuerez à créer un environnement numérique plus sûr pour vos enfants.