La grève des scénaristes aux États-Unis, qui a duré 148 jours, a pris fin officiellement le 27 septembre 2023. Nous vous présentons les changements à venir.
Après un bras de fer qui a duré près de cinq mois, les scénaristes américains, au nombre de 11 500 membres syndiqués, reprendront leur travail à partir du 27 septembre. Le vote final pour mettre fin au mouvement social aura lieu entre le 2 et le 9 octobre, mais il est peu probable qu’il réserve des surprises.
Les nouvelles règles résultant des négociations entre la WGA (Writer’s Guild of America) et l’AMPPTP (Alliance of Motion Picture Television Producers) apportent des améliorations significatives aux conditions de travail des auteurs, notamment des paiements supplémentaires pour les contenus en streaming et une réglementation de l’utilisation de l’intelligence artificielle. Voici un résumé des principaux points.
Sommaire
IA, residuals et équipes renforcées
Le contrat de 94 pages comporte plusieurs clauses importantes visant à mieux protéger une profession souvent précaire par nature.
L’intelligence artificielle encadrée
L’intelligence artificielle (IA) suscite de nombreuses controverses, et les nouvelles règles encadrent son utilisation dans le processus d’écriture de scénarios selon trois volets :
- L’IA ne peut pas écrire ou réécrire de contenu littéraire, et le contenu qu’elle génère ne sera pas considéré comme un matériau source, ni ne pourra porter atteinte au crédit d’un auteur ou à ses droits.
- Un auteur peut utiliser l’IA dans son travail d’écriture, à condition de respecter les politiques de l’entreprise. L’entreprise ne peut pas imposer l’utilisation d’un logiciel d’IA à l’auteur.
- La société doit informer l’auteur si des documents ont été générés ou contiennent du contenu “artificiel”.
En résumé, les logiciels d’IA ne pourront pas s’approprier les écrits des auteurs membres de la WGA.
Une nouvelle prime au succès
Les “residuals” (compensations secondaires) étaient au cœur des préoccupations de la WGA. Alors que la télévision traditionnelle garantissait une rémunération complémentaire à chaque rediffusion, le streaming ne rémunérait les scénaristes qu’une seule fois pour la vente du programme aux plateformes, quelle que soit sa popularité.
Désormais, un bonus “lié au succès” est instauré pour les séries et les films produits pour les services de streaming. Si le nombre de visionnages dépasse 20 % des abonnés nationaux de la plateforme dans les 90 premiers jours de diffusion, les scénaristes recevront un bonus allant de 9 000 à 16 400 $ pour une série, et de 40 500 $ pour un long-métrage d’un budget dépassant 30 millions de dollars.
Cette prime sera donc proportionnelle au nombre d’abonnés du service, ce qui implique une plus grande transparence sur les audiences des plateformes, qui ont déjà commencé à partager leurs chiffres plus largement.
Les membres de la WGA ont également obtenu une augmentation de 76 % des residuals pour les diffusions à l’international.
Writers rooms renforcées
La WGA avait également insisté sur la nécessité de renforcer les équipes de scénaristes travaillant sur les productions. Ainsi, une série composée d’au moins six épisodes par saison devra employer au moins trois auteurs, tandis qu’une série de 7 à 12 épisodes par saison en comptera cinq, et une série de plus de 13 épisodes devra en engager six. Une exception est prévue pour les séries écrites par un seul scénariste, comme “Big Little Lies” ou “The White Lotus”.
De plus, la durée minimale des contrats pour les programmes en cours de développement a été fixée à 10 semaines.
Un retour à l’écriture dès aujourd’hui ?
Techniquement, les scénaristes sont autorisés à reprendre leur travail sur les programmes dès aujourd’hui. Cependant, dans la pratique, il faudra probablement plusieurs jours pour relancer la machine. Le retard de production accumulé par nos séries et films préférés ne sera pas comblé rapidement. De plus, les acteurs américains sont toujours en grève depuis le 14 juillet et attendent de renégocier avec les grands studios hollywoodiens. Les accords à venir seront délicats, car ils serviront de référence pour le reste de l’industrie, qui renouvelle ses contrats l’année prochaine.
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